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Deux filles nues et pieds nus pendant le bizutage. |
Le bizutage dans les bars
Dans la France des années 1980, les bars universitaires des villes étudiantes vibrent d’une énergie malsaine à la rentrée. Les néons clignotent, l’air est saturé de fumée et de sueur, et les rires résonnent comme des coups de fouet. C’est la saison du bizutage, un rituel cruel où les nouvelles étudiantes sont livrées à la tyrannie des anciens. Les patrons de bars se frottent les mains : la foule afflue, étudiants en quête de sensations fortes et curieux attirés par l’odeur de la dépravation. Les autorités locales et les directions des grandes écoles, complices silencieuses, laissent faire, drapant cette barbarie dans le voile de la tradition.
Ce soir, dans un bouge crasseux où la bière coule à flots, deux jeunes femmes se retrouvent piégées sous les regards voraces. Claire, une campagnarde élevée dans la rigidité d’un foyer catholique, et Amina, une musulmane discrète, habituée à la modestie imposée par sa culture, sont des proies idéales. Étudiantes en première année d’IUT de techniques de commercialisation, elles sont étrangères à l’ambiance décadente du lieu. Leur timidité, leur pudeur, sont des faiblesses que les anciens flairent comme des prédateurs.
Encadrées par un cercle d’anciens – garçons et filles aux sourires carnassiers –, elles sentent le poids de l’autorité perverse qui s’abat sur elles. « Déshabillez-vous. Maintenant. Tout. » L’ordre claque, implacable. Autour d’elles, une quinzaine d’autres nouvelles, déjà nues, frissonnent sous les spots brûlants. Certaines, brisées, fixent le vide ; d’autres, plus dociles, esquissent un sourire forcé. Quelques-unes osent protester, mais leurs cris sont étouffés par les huées de la foule. Les anciens, inflexibles, imposent leur loi avec une jubilation sadique. « Pas de chichi. Tout le monde à poil, sans exception. »
Claire, pétrifiée, agrippe sa jupe longue comme un bouclier. Amina, le visage fermé, murmure une prière inaudible, ses mains tremblantes serrant son foulard avant qu’on ne le lui arrache. La foule, impatiente, scande : « À poil ! À poil ! » Une ancienne, une blonde au regard glacial, s’avance et attrape Claire par le menton. « Tu crois que t’as le choix, petite sainte-nitouche ? Enlève tout, ou on le fait pour toi. » Amina, poussée par un garçon au rictus malsain, vacille mais obéit, ses doigts maladroits défaisant les boutons de son chemisier.
Chaque vêtement qui tombe est une capitulation. Soutiens-gorge, culottes, chaussettes – rien n’est épargné. Nues, exposées, elles tentent de se protéger, bras croisés, mains plaquées sur leur intimité. Mais les anciens ne tolèrent aucune résistance. « Redressez-vous ! » aboie un garçon, sa voix chargée de mépris. « Vous cachez rien. On veut tout voir. » Une ancienne, amusée, tire les bras d’Amina en arrière, exposant sa poitrine à la foule hilare. Claire, rouge de honte, est forcée de lever les mains, sous les sifflets et les flashs des appareils photo jetables.
Pour briser leur esprit, on les oblige à défiler, pieds nus sur le sol collant, à travers le bar bondé. « Avancez, montrez-vous ! » ordonne une voix, tandis qu’une main claque sur les fesses d’Amina, arrachant un sursaut. La foule, déchaînée, savoure leur humiliation. Les anciens, maîtres d’un jeu pervers, imposent des règles tordues : interdiction de se couvrir, obligation de sourire, de regarder les spectateurs dans les yeux. « Vous êtes à nous ce soir, » ricane un ancien, son souffle chargé d’alcool. « Et vous restez à poil jusqu’à l’aube. »
Dans ce bar, sous les lumières crues des années 80, Claire et Amina découvrent la brutalité d’un monde où la pudeur est une offense et l’obéissance, une sentence. Le bizutage, avec son parfum de tradition, n’est qu’un prétexte à une domination malsaine, un spectacle où la perversion se pare de rires et de cris, sous les applaudissements d’une foule complice.
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