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Femme parade nue dans les couloir de la prison. |
Défilé nue et humiliant en prison.
Le soleil de midi cognait sur la cour d'Abu Ghraib, transformant le sol poussiéreux en une plaque brûlante. Amina, trente-deux ans, se tenait debout, nue, les pieds nus écorchés par le béton rugueux. C'était son premier jour dans la prison, quelques heures à peine après son arrestation à Bagdad pour "suspicion de soutien à des insurgés". Son cousin, un vague rebelle, avait été vu chez elle ; cela suffisait pour faire d'elle une "détenue de haute valeur". Pas de procès, pas de sentence, juste un vide administratif et une humiliation méthodique.
La "fouille initiale" venait de se terminer. Dans une pièce aux murs métalliques, deux gardiens – un homme, le sergent Mike, et une femme, la caporale Sarah – l’avaient forcée à retirer son hijab, sa abaya, ses sous-vêtements, et même ses vieilles sandales. "C’est la procédure", avait répété Sarah, son ton aussi froid qu’un formulaire. Amina avait supplié, les joues trempées de larmes : "Je suis musulmane, c’est haram, laissez-moi mon voile !" Mike avait ricané, tenant le tissu noir entre ses doigts comme un trophée. "Ici, c’est nous qui décidons ce qui est sacré, ma belle." Sarah avait ajouté, légaliste : "Article 3, section 2 : tous les vêtements sont confisqués pour raisons de sécurité. Coopère, ou on prolonge la fouille." Amina, tremblante, avait cédé, sentant son identité s’effilocher avec chaque vêtement retiré.
Maintenant, ils l’emmenaient vers sa cellule, à travers ce qu’ils appelaient la "parade d’entrée" – un rituel cruel pour briser les nouvelles détenues. Amina était seule, pas de chaîne de prisonnières comme dans d’autres prisons, mais l’isolement rendait l’expérience encore plus pesante. Ses bras pendaient le long de son corps, ses coudes crispés par la honte, tandis qu’elle avançait, pieds nus, sur le sol inégal. Chaque pas était une épreuve : les cailloux s’enfonçaient dans ses plantes de pieds, et la poussière collait à sa peau moite. Elle baissait la tête, ses cheveux noirs tombant sur son visage, un maigre rempart contre la nudité imposée.
Mike marchait devant, son treillis impeccable contrastant avec la vulnérabilité d’Amina. Sarah suivait, un carnet à la main, notant chaque détail comme une bureaucrate zélée. "Allez, bouge, Amina !" lança Mike, son ton oscillant entre l’ordre militaire et une moquerie presque joviale. "T’es pas au marché de Bagdad, ici, pas besoin de traîner !" Il se tourna à moitié, un sourire en coin. "Regarde, t’es libre comme Ève au paradis, non ?" La référence biblique, jetée comme une plaisanterie, poignarda Amina. Elle murmura une prière silencieuse, espérant qu’Allah lui pardonne cette indignité.
Le couloir métallique s’ouvrait sur une série de portes rouillées. D’autres soldats, postés à des checkpoints, la regardaient passer. Certains détournaient les yeux, gênés ; d’autres, plus jeunes, ricanaient ou murmuraient entre eux. Une voix lança : "Hé, c’est quoi ce tatouage sur son épaule ? Un code secret pour Saddam ?" Amina n’avait pas de tatouage, mais la remarque, absurde, visait à la ridiculiser. Sarah, toujours dans son rôle de gardienne "professionnelle", répondit : "Pas de tatouage, juste une vérification à faire. Notez ça pour le rapport." Tout était codifié, légaliste, comme si l’humiliation était une simple case à cocher.
Le pire était le contraste. Amina, qui n’avait jamais montré plus que ses mains et son visage en public, se sentait comme un animal exposé. Son voile, symbole de sa foi et de sa dignité, gisait quelque part dans un sac plastique étiqueté "Propriété de la détenue 472". Ses pieds nus, autrefois protégés par des chaussures modestes, étaient maintenant noirs de crasse, chaque pas un rappel de sa chute. Elle tenta de se redresser, de marcher avec une once de fierté, mais Mike s’en aperçut. "Oh, on fait la princesse maintenant ? Baisse les yeux, c’est mieux pour tout le monde." Son ton était dur, mais il ne la toucha pas – la violence ici était dans les mots, les regards, la nudité imposée.
Ils passèrent devant une salle où d’autres détenus, hommes, hurlaient derrière des barreaux. L’un d’eux cria quelque chose en arabe, un mélange de pitié et d’insulte. Amina rougit, ses joues brûlant sous la honte. Sarah s’arrêta pour noter : "Interaction non autorisée avec le bloc masculin. À signaler." Amina voulait disparaître, mais il n’y avait nulle part où se cacher. Elle plaça un pied devant l’autre, mécaniquement, comme un automate.
Enfin, ils atteignirent sa cellule : un cube de béton gris, avec un lit métallique et un seau. Mike ouvrit la porte avec un claquement théâtral. "Bienvenue chez toi, Amina ! Pas de tapis de prière, mais tu peux toujours parler à ton dieu comme ça, non ?" Il éclata de rire, et Sarah, pour une fois, sembla mal à l’aise. "Laisse-la, Mike. Elle est enregistrée. On a fini." Elle se tourna vers Amina, presque compatissante : "Tu restes ici jusqu’à nouvel ordre. Coopère, et ça ira mieux." Mais ses yeux disaient le contraire.
Amina entra, ses pieds nus frôlant le sol glacé de la cellule. La porte se referma avec un clang métallique. Seule, elle s’effondra sur le lit, les larmes coulant en silence. Elle murmura une sourate, les mains couvrant son visage, tentant de retrouver un fragment de sa pudeur.
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Défilé humiliant et nue en prison.
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